L’Histoire des environs de Bruxelles d’Alphonse Wauters réserve souvent d’agréables surprises.  On ne sait, en effet, que peu de choses des premières années des Forges de Clabecq (fondées en 1781).  L’information que ce savant auteur nous livre au sujet de cette entreprise a donc toute son importance.

 «Aux environs de Hoeylaert, de Tervuren à Groenendael, mais surtout d’Overyssche à La Hulpe et de là à Groenendael, on trouve une couche de minerai de fer, qui est comprise dans du sable rougeâtre.  Le minerai se présente sous la forme de grosses lentilles, dont le produit est creux, et qui constitue un lit à peu près continu ; en quelques endroits, il y a trois lits semblables et superposés, d’une hauteur totale de 2 mètres, y compris le sable intermédiaire.  Ces richesses minérales doivent avoir été exploitées dans un temps très ancien, car, près de Ter-Heyden, on trouve beaucoup de scories, encore riches en métal, et qui portent tous les caractères de la fusion.  Outres les forges qui ont produit ces vestiges, il y avait des puits d’extraction, dont quelques uns existent encore ; un de ces puits n’a pas moins de 18 mètres de profondeur.  Le minerai de fer gisant sous la forêt deSoignes a été exploité à différentes reprises, entre autres, vers 1785, pour l’usage de l’usine de Clabecq.[1]  Plus tard, le maître de cette forge, M. Besme, parvint à découvrir d’anciens puits d’extraction et en fit ouvrir quelque-uns ; M. Delmarmol, conservateur des forêts, l’autorisa à continuer ses recherches ; mais, en 1812, on le lui défendit.  L’année suivante, il demanda une concession en forme, mais elle ne lui parvint pas à temps, les alliés étant, sous ces entrefaites, entrés en Belgique.  En 1816, son fils renonça à ses droits.» 

Ainsi s’exprimait l’éminent historien bruxellois.[2]  Est-il besoin de rappeler qu’à cette époque, ni le Canal Bruxelles-Charleroi (inauguré en 1832), ni le chemin de fer Bruxelles-Tubize (inauguré en 1840) n’existaient.  Les matières premières, indispensables à l’exploitation des Forges, devaient donc parvenir par la route.  On sait combien ce genre de transport posait de problèmes, surtout à la mauvaise saison.  La chaussée pavée venant de Bruxelles et passant par Tubize devait toutefois grandement faciliter le transport du minerai.  On comprend l’intérêt que pouvait présenter, pour les maîtres des Forges de Clabecq, l’exploitation d’un gisement de fer tout proche. 

La fermeture du premier haut-fourneau de Clabecq, construit en 1810, a-t-elle quelque chose à voir avec les déboires des Besme pour s’approvisionner en minerai de la Forêt de Soignes ?  Peut-être bien ! 


[1]L’auteur donne les références suivantes : BURTIN, p. 57 ; Statistique du département de la Dyle, p. 62 ; Archives du Ministère des Travaux publics. 

[2]Alphonse WAUTERS, Histoire des environs de Bruxelles, t. 3, Bruxelles, 1855, p. 543.

Vous pouvez utiliser cet article ou les données qu’il contient, à condition de donner la référence suivante : Luc DELPORTE, Du minerai de fer provenant de la Forêt de Soignes aux Forges de Clabecq !, extrait du site www.museedelaporte.be (en ligne à la date du 03-09-2010).