« Claude », né en 1920, était le nom de guerre d’Emile Boucher, chef du groupe des PA du Corps du Centre.  Résistant de la première heure, il s’engage d’abord à la Légion Belge, qui deviendra l’Armée Secrète, dès mars ’41.  Bien que n’étant pas communiste, il passe, en 1943 aux Partisans Armés (PA), dans le corps 022 Centre-Borinage.

 Vers la mi-décembre 1943, Adelson Charlier, nom de guerre Alain, Commandant du secteur Hainaut-Namur, informa Emile Boucher que par décision du Commandant national PA, Gilbert Courtecuisse, alias Roland, et lui-même étaient désignés pour réorganiser la résistance dans la région de Braine-le-Comte, Tubize, Enghien et Soignies, où beaucoup de résistants avaient été arrêtés.

 L’activité de ce corps s’étendra dans la région de Tubize dès mars 1944.  Tubize dépendait du corps 023 du Centre – La Louvière, lui-même dépendant du commandement de secteur, dont on ne connaissait pas le dirigeant (cloisonnement oblige).  Le corps 023 comptait deux compagnies dans la région.  A l’échelon inférieur, il y avait différents bataillons.  Celui de Braine-le-Comte comprenait Braine-le-Comte, Tubize, Enghien, et comptait environ 130 personnes.

  Combattre l’occupant dans la Résistance n’était pas une mince affaire.  Outre le danger permanent, il fallait vivre dans la clandestinité, sans revenu.  Les Résistants trouvaient à se loger chez certains habitants, favorables à leur cause.  Ils se fournissaient en nourriture grâce aux timbres de ravitaillement réquisitionnés dans les administrations communales.  Mais cela ne suffisait pas à financer leurs opérations.

 Alors, des groupes armés de 7 à 10 personnes, ont parfois réquisitionné les payes de certaines grosses industries.  Ce fut le cas à Fabelta, aux carrières de Quenast et, comme raconté dans l’extrait vidéo, aux Forges de Clabecq.

 Des rapports étaient soigneusement rédigés après chaque mission, en vue de dédommager les « victimes » après la guerre.  Mais certains industriels, comme Mr Hubert Germeau, actionnaire principal des Forges de Clabecq, refusèrent, après guerre, ce remboursement, considérant que cette contribution à l’effort de guerre était normal.

   La voiture blindée des Forges.

  En 1944, le Commandant Claude dérobe l’argent de la paye aux Forges de Clabecq pour financer les actions de son groupe de Résistants.  Après s’être introduit dans les bureaux de l’usine, il oblige le patron des Forges, Mr Hubert Germeau à le conduire chez son caissier, rentré dîner chez lui avec la clé du coffre.  C’est cette histoire qu’Emile Boucher, des années après la guerre, évoque dans l’extrait vidéo suivant.

 Mais ce qu’il passe sous silence, c’est l’histoire de la voiture blindée des Forges, pourtant directement liée avec son coup de force aux Forges.

 Pris de remord pour avoir ainsi bousculé Mr Germeau, Emile Boucher se rend par la suite au château Germeau pour présenter ses excuses.  A son grand étonnement, il se voit proposer de l’aide.  Mr Germeau lui propose, notamment, d’utiliser des voitures rangées là dans un garage.  Le choix se porte finalement sur une grosse Matford-Mercury qui appartenait à Madame Laguerre-Goffin (fille de Josse Goffin), qui avait été remisée là pour être soustraite aux réquisitions allemandes.

 Immédiatement blindée sommairement avec des tôles des Forges, elle servira au groupe de Résistant du Commandant Claude jusqu’à la fin de la guerre.

 A la fin des hostilités, Emile Boucher est bien obligé de rapporter cette voiture à ses propriétaires.  Il ose toutefois la demander une dernière fois à l’occasion de son mariage.  Hubert Germeau la lui donne alors tout simplement en cadeau.

Un soir de sortie à Mons, la voiture est repérée et réquisitionnée par les autorités américaines qui la croient volée.  Les protestation d’Emile Boucher et l’attestation fournie par Mr Germeau n’y feront rien, et ils l’emporteront avec eux en Allemagne.

Les images utilisées dans l’extrait vidéo nous sont arrivées au milieu de dizaines d’heures de témoignages de résistants enregistrés dans les année 90 par l’organisme « Compagnons de la Mémoire ». Malgré nos efforts, nous n’avons pas pu remonter jusqu’aux propriétaires de ces images. S’ils se reconnaissent, nous les prions de prendre contact avec le Musée.