- Introduction
L’usine telle qu’elle existait au moment de la faillite des Forges de Clabecq et de la reprise par Duferco-Clabecq (voir à ce propos les articles de Cédric De Keyser sur ce site), est le résultat d’une très longue évolution qui débute en 1752, une trentaine d’années donc avant que les Forges ne naissent vraiment. C’est sous l’angle des infrastructures et de leur développement topographique que nous allons envisager ici cette longue évolution. Pour ce faire, nous nous baserons uniquement sur l’examen des cartes et plans dont nous disposons. Ce travail pourra ensuite être comparé aux sources d’archives et aux travaux des historiens.
- La carte Ferraris (fin du XVIIIe siècle)
Les cartes topographiques sont encore rares et peu précises au XVIIIe siècle. Tout le monde connaît la « Carte de Ferraris ». Dressée vers 1775, c’est la première carte topographique à localiser avec précision le Moulin de Clabecq, édifié en vertu d’un octroi délivré en 1752.
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Sur cette carte, on distingue parfaitement l’emplacement du Moulin seigneurial à grain de Clabecq. L’endroit n’a pas été choisi au hasard. Il est implanté sur la Sennette (que l’on nomme la Samme dans les textes anciens), à l’endroit où une très ancienne route, le chemin de Nivelles, enjambe la rivière sur un pont de maçonnerie. Un pont barrage et une dérivation de la rivière (le bief), assez rectiligne, déviait une partie de l’eau vers la droite pour alimenter la roue du moulin. La dérivation formait avec le cours normal de la rivière une petite île sur laquelle avaient été édifiés les bâtiments du moulin.
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Le croquis de 1781
L’acte notarial de 1781 qui autorise l’adjonction d’un moulin à battre le fer au moulin à moudre le grain construit en 1752 comprend un petit croquis des lieux.
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Ce croquis est très rudimentaire. Il permet néanmoins de se faire une idée du caractère modeste des débuts des Forges de Clabecq. Sur le côté gauche, on note le « Chemin de Tubise à Braine-le-Château ». En haut du croquis, on trouve la mention du « moulin » à grain avec à gauche les « écuries du moulin ». Il s’agit bien sûr de la partie qui date de 1752. Les « roues » du moulin à grain sont indiquées sur la rive gauche de la dérivation, tandis que la « roue du moulin à battre le fer » se trouve sur la rive droite. Le croquis indique clairement le « terrain du moulin à battre le fer » et entre celui-ci et le chemin un « terrain loué par lequel le censier doit avoir son passage ». La parcelle du moulin à battre le fer a probablement été prise dans la « prairie » que l’on indique sur la droite, ce qui explique sans doute le droit de passage pour le fermier et l’indication de l’ « endroit où doit être plantée une haye ». Enfin, dans le bas du dessin, on voit que le site du nouveau moulin à battre le fer de Clabecq voisinait encore avec des terres de culture.
- Le plan de 1816
Un procès verbal de délimitation de la commune de Clabecq, en 1816, fait état de la limite entre Clabecq et Tubize. Celle-ci était matérialisée par la Sennette. Un croquis fut levé à cette occasion. Sur ce plan sommaire, on distingue les bâtiments de la « Fonderie et Platinerie en fer » de Clabecq. On y voit également la mention d’une « écluse », ainsi que le tracé rectiligne du canal de décharge. Il est question du « Pavé de Clabbeck à Tubize », ce qui semble indiquer que le tronçon entre les Forges et la chaussée Mons à Bruxelles a été pavé très tôt, peut-être déjà aux frais des Maîtres des Forges. On constate également que trois ponts se succédaient sur le chemin. En venant de Tubize, il fallait d’abord passer au-dessus d’un petit ruisseau, aujourd’hui disparu, qui se jettait dans la Sennette (rive gauche). La route longeait la rivière, comme c’est encore le cas aujourd’hui, sur quelques distances. Mais elle bifurquait ensuite sur la gauche pour passer la Sennette sur un pont et suivre quelque peu l’autre rive du cours d’eau. Le chemin effectuait alors un tournant vers la gauche et passait le canal de décharge sur un troisième pont. Les bâtiments principaux, c’est-à-dire ceux de la « Fonderie et Platinerie en fer » se trouvaient sur la gauche du chemin, le Moulin à grain sur l’îlot et les Forges au-delà du canal de décharge. Sur la droite du chemin, près de l’écluse sur la Sennette et toujours sur l’îlot, on distingue encore deux petits bâtiments, des annexes sans doutes. Le Moulin de 1752 était implanté perpendiculairement au canal de décharge, avec la roue sur son pignon, tandis que le Moulin à battre de fer de 1781 et les installations qui le complètent déjà à l’époque sont parallèles à ce même canal.
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Luc DELPORTE, L’implantation du Moulin à battre le fer de Clabecq (fin XVIIIe – début XIXe siècle, Extrait du site www.museedelaporte.be (consultation à la date du …).
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